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Seven Oaks dans les documents des Archives de la Compagnie de la Baie d'Hudson : 1816-2016

  • Partie I
  • Partie II
  • Partie III
  • Partie IV
  • Partie V

Partie I : Histoire de Seven Oaks

Le 8 janvier 1814, le gouverneur Miles MacDonell a lancé ce qui allait devenir la Proclamation sur le pemmican. Cette proclamation a principalement entraîné des années d’hostilité entre les deux protagonistes principaux du secteur de la traite des fourrures au Canada : la Compagnie de la Baie d’Hudson et la Compagnie du Nord-Ouest. Durant les années qui ont suivi, les hostilités se sont intensifiées et le 19 juin 1816, les deux compagnies se sont violemment affrontées dans un endroit appelé Seven Oaks, qui correspond aujourd’hui au quartier West Kildonan de Winnipeg.

Pour souligner le 200e anniversaire de cet événement à Seven Oaks, la Compagnie de la Baie d’Hudson présente des documents qui décrivent l’époque appelée « guerres du pemmican » dans une série de numéros, qui comprend des documents de nos fonds d’archives. Ces documents ont essentiellement été rédigés du point de vue des employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui ont été témoins de ces événements. De nouveaux articles appartenant à cette série intitulée Seven Oaks dans les documents des Archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson : 1816-2016 suivront prochainement.

En 1823, un monument a été érigé pour commémorer l’événement qui s’était produit à Seven Oaks sept ans auparavant
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En 1823, un monument a été érigé pour commémorer l’événement qui s’était produit à Seven Oaks sept ans auparavant. Hudson's Bay Company Archives, Isaac Cowie fonds, 1987/390/112

Partie II : Agitation et conflits à la Colonie de la Rivière-Rouge

Dans la deuxième partie de ce numéro de la série Les Archives en vedette, intitulé Seven Oaks dans les documents des Archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson : 1816-2016, se trouvent les dépositions ou les témoignages présentés sous serment et hors cour de George Sutherland et de William Shaw. Ces dépositions, entre autres, ont été recueillies en 1815 sur ordre de Thomas Douglas, le cinquième comte de Selkirk, afin de rassembler des preuves concernant les actions commises par les hommes de la Compagnie du Nord-Ouest à l’encontre des colons de la Rivière-Rouge, notamment l’expulsion forcée de leurs maisons et la destruction d’un grand nombre de leurs logements.

George Sutherland et sa famille étaient des colons de la Rivière-Rouge lorsque ces actes se seraient produits. Dans sa déposition (voir photo ci-dessous), M. Sutherland relate les événements qui ont mené à son éviction et explique qu’au début du mois d’avril 1815, il a reçu une note du capitaine Duncan Cameron du « Voyageur Corps » exigeant qu’il donne son fusil au nom du roi. M. Sutherland a refusé d’obéir à cet ordre. Des hommes de la Compagnie du Nord-Ouest sont alors arrivés et ont saisi son fusil. Puis, M. Sutherland et sa famille ont été placés dans un lieu de détention de fortune dans un campement de Frog Plain (aujourd’hui le quartier West Kildonan de Winnipeg). La déposition comprend aussi des témoignages affirmant que les biens de George Sutherland lui avaient été pris de force.

page 1 du 4, déposition de George Sutherland
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page 2 du 4, déposition de George Sutherland
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page 3 du 4, déposition de George Sutherland
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page 4 du 4, déposition de George Sutherland
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Deposition of George Sutherland, HBCA E.8/5 fos. 76-77d.

La seconde déposition correspond à l’interrogatoire de M. William Shaw (voir photo ci-dessous). M. Shaw était employé comme commis de la Compagnie du Nord-Ouest au printemps 1815 et a participé aux expulsions forcées des colons de la Rivière-Rouge. Dans la déposition, William Shaw est interrogé sur sa participation dans la capture et l’emprisonnement d’Alexander McLean, le chef de la Colonie de la Rivière-Rouge.

Quand on lui a demandé en vertu de quelle autorité il avait fait prisonnier M. McLean, M. Shaw a répondu qu’il en avait reçu l’ordre du capitaine Cameron. Puis, il a donné des détails sur les ordres du capitaine et les événements qui ont suivi.

page 1 du 2, déposition de William Shaw
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page 2 du 2, déposition de William Shaw
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William Shaw, HBCA E.8/5 fos. 35-35d.

Pour trouver des descriptions de ces dépositions ou d’autres dépositions de la même époque, effectuez des recherches en ligne en utilisant notre base de données Keystone, à l’aide des mots-clés « depositions » ou « disturbances ».

Partie III : La rumeur et la prise du Fort Gibraltar par la Compagnie de la Baie d'Hudson, le 17 mars 1816

Après la Proclamation sur le pemmican en 1814, les tensions se sont accentuées entre la Compagnie de la Baie d’Hudson et la Compagnie du Nord-Ouest. Le Fort Douglas de la Compagnie de la Baie d’Hudson et le Fort Gibraltar de la Compagnie du Nord-Ouest se trouvaient tous deux sur les rives de la rivière Rouge, près de La Fourche. Colin Robertson, qui gouvernait le Fort Douglas à cette époque, a consigné ses pensées et ses observations dans plusieurs journaux intimes. En lisant ces journaux, on peut voir que les hostilités prenaient de l’ampleur entre les deux compagnies, particulièrement lorsque des rumeurs ont commencé à se répandre.

Les journaux de M. Robertson sont une mine de renseignements historiques. Ils fournissent des détails sur les activités quotidiennes aux forts, les interactions avec le chef Peguis et d’autres Autochtones de l’époque et de la région, les altercations avec la Compagnie du Nord-Ouest et les noms des hommes et des femmes présents aux forts et dans la colonie. Ces journaux décrivent aussi la prise du Fort Gibraltar par la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1816.

Au printemps 1816, M. Robertson a consigné des rumeurs selon lesquelles la Compagnie du Nord-Ouest allait tenter une nouvelle fois de faire fuir les colons, comme elle l’avait déjà fait en 1815. Et cette fois, elle le ferait pour de bon. Toutefois, ces rumeurs n’étaient pas la seule source d’inquiétude pour les employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson. M. Robertson a également noté que davantage de provisions et d’hommes entraient au Fort Gibraltar, le fort de la Compagnie du Nord-Ouest le plus proche de la Colonie de la Rivière-Rouge, et il s’attendait au pire.

Le 17 mars 1816, Colin Robertson a décidé qu’il fallait agir pour protéger les colons. Ce soir-là, lui et douze autres hommes se sont armés et ont marché en silence jusqu’au Fort Gibraltar. Ils ont rapidement encerclé les hommes de la Compagnie du Nord-Ouest qui dormaient et ont pris le contrôle du Fort. Selon le journal de M. Robertson, les hommes de la Compagnie du Nord-Ouest ont été complètement pris par surprise et ont été capturés alors qu’ils étaient presque deux fois plus nombreux que les hommes de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Vous pouvez lire les observations de M. Robertson concernant la prise du Fort Gibraltar dans les images ci-dessous.

image 1 du 4, journaux de Colin Robertson
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image 2 du 4, journaux de Colin Robertson
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image 3 du 4, journaux de Colin Robertson
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image 4 du 4, journaux de Colin Robertson
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Colin Robertson diary, 17 March 1816,
HBCA E.10/1 fo. 170d.

Après la prise du Fort Gibraltar, les tensions entre les deux compagnies se sont amplifiées. La Compagnie de la Baie d’Hudson a conservé le Fort Gibraltar qui, par la suite, a été appelé Upper Fort Garry.

Pour en savoir plus sur les journaux de Colin Robertson, effectuez des recherches dans la base de données Keystone, au moyen des mots-clés « Colin Robertson diary ».

Partie IV : Peter Fidler et Brandon House : en chemin vers Seven Oaks

Au cours des semaines précédant le 19 juin 1816, plusieurs événements ont été le point de départ de la confrontation qui s’est produite à Seven Oaks. Le 1er juin, en chemin vers la Colonie de la Rivière-Rouge, un groupe de 48 personnes mené par Cuthbert Grant et composé d’employés de la Compagnie du Nord-Ouest, de Métis et d’Autochtones est entré de force à Brandon House, un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

À cette époque, Peter Fidler était le traiteur en chef du poste. Il raconte ces événements dans son journal de poste datant de 1815-1816. Il y décrit les moments tragiques vécus le 1er juin :

journal entry for 1 June 1816
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Brandon House post journal, 1 June 1816, HBCA B.22/a/19 fo. 36.

« at ½ past noon about 48 Halfbreeds, Canadians, Freemen & Indians came all riding on Horseback, with their Flag flying blue about 4 feet square & a figure of 8 horizontally in the middle, one beating an Indian Drum, and many of them singing Indian songs. They all rode directly to the usual crossing place of the river where they all stopped about two minutes... They all turned suddenly round and rode full speed into our yard – some of them tyed their Horses, others loose & fixed their flag at our Door, which they soon afterwards hoisted over our East Gate next to the Canadian House. Cuthbert Grant then came up to me in the yard & demanded of me to deliver to him all the keys of our Stores, Warehouses etc. I of course would not deliver them up – They then rushed into the House and broke open the Warehouse Door first, plundered the Warehouse of every article it contained, tore up part of the Cellar floor, & cut out the Parchment windows without saying for what this was done or by whose Authority. »

journal entry for 7 June 1816
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Brandon House post journal, 7 June 1916, HBCA B.22/a/19 fo. 38d

Pendant sept jours, les hommes de Cuthbert Grant ont vidé le poste de toutes ses provisions, dépouillé les employés de leurs biens et mis le feu à de nombreux bâtiments. Les employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui étaient moins nombreux, ont été forcés de rejoindre la plaine et de trouver refuge auprès des peuples autochtones voisins. Le 7 juin, le groupe de Cuthbert Grant est parti, reprenant sa route vers l’est et la Colonie de la Rivière-Rouge.

Le journal de poste de Peter Fidler fournit un compte rendu détaillé et de première main de cet événement tragique, alors que ce type de document servait habituellement à consigner brièvement des faits ordinaires de la vie quotidienne. Les journaux de poste contenaient les transactions commerciales et les activités quotidiennes des postes de traite de fourrure de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le gouverneur et le comité de Londres les utilisaient pour prendre des décisions concernant la viabilité des activités des postes. Parfois, les journaux relatent aussi des événements inhabituels ayant eu lieu dans les postes. Ils sont alors des documents précieux qui permettent de comprendre des faits historiques importants.

Un an plus tard, Peter Fidler a fait une déposition pour William Coltman, un commissaire chargé par le gouvernement britannique de mener une enquête concernant les événements qui s’étaient produits à Seven Oaks.

En juillet 1817, Peter Fidler a étudié l’itinéraire des charrettes prises par Cuthbert Grant et ses hommes après leur départ de Brandon House, alors qu’ils se déplaçaient entre le ruisseau Catfish (aujourd’hui le ruisseau Omand’s) et Frog Plain. M. Fidler était accompagné de M. Antoin Descharme, qui avait conduit l’une de ces charrettes, ainsi que d’autres témoins.

Sa déposition contient les résultats de cette étude, ainsi qu’un croquis indiquant l’itinéraire. En se basant sur les conclusions de l’étude, il affirme que les hommes de Cuthbert Grant auraient pu choisir un itinéraire plus facilement praticable et que la rencontre fatidique aurait ainsi pu être évitée.

Carte montrant le Red River, Assiniboine River, Catfish Creek, Brandon house, Seven Oaks, et Frog Plains. “Cart Tracks of the NWC Servants” et “The track of M. Fraser and two men”
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image tournée
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Peter Fidler's plan, HBCA E.8/6 fo. 95d.

Pour trouver d’autres documents sur Brandon House ou Peter Fidler, effectuez des recherches dans la base de données Keystone.

Partie V : Le 19 juin 1816 à la Grenouillère

Le 19 juin 1816, un affrontement violent eut lieu à Seven Oaks, un endroit qui correspond aujourd’hui au quartier West Kildonan de Winnipeg. Cuthbert Grant et un groupe d’environ 50 personnes composé d’employés de la Compagnie du Nord-Ouest et de Métis voyageaient en direction nord vers le lac Winnipeg avec des provisions de pemmican pour les commerçants de la Compagnie du Nord-Ouest.

Alors qu’ils traversaient les plaines près de la Fourche, ils furent repérés par le guetteur du fort Douglas, puis interceptés par le gouverneur de la colonie de la Rivière-Rouge, Robert Semple, et un groupe de 28 hommes de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Grant et ses hommes avaient l’avantage d’être plus nombreux et à cheval et, de ce fait, la Compagnie de la Baie d’Hudson connut un plus grand nombre de pertes.

Le gouverneur Semple, 20 hommes de la Compagnie de la Baie d’Hudson et un Métis périrent dans la violente mêlée.

En 1823, John Halkett écrivit une lettre à Robert Pelly pour suggérer que l’on érige un monument sur la tombe du gouverneur Semple. La lettre comprenait une esquisse de ce qui devait être gravé sur le monument (voir ci-dessous). Le nom du gouverneur Semple est accompagné d’une liste des 20 hommes de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

une lettre avec la liste des noms des hommes
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List of casualties to be etched on monument,
letter from John Halkett to Robert Pelly, 20 August 1823,

HBCA A.10/2 fo. 373.

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