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L’histoire de James Knight et du premier journal de poste de York Factory, 1714
Le 11 septembre 1714, le capitaine James Knight, devenu depuis peu gouverneur de la Terre de Rupert, réussit à reprendre, au nom de la Compagnie de la Baie d’Hudson, l’un de ses plus anciens et plus importants postes de traite, York Factory. Les évènements qui ont mené à ce moment charnière dans l’histoire de la Compagnie sont documentés dans les plus vieux extraits, préservés jusqu’à aujourd’hui, des journaux de poste de York Factory.
En plus d’offrir un compte rendu détaillé des activités quotidiennes, le premier journal de poste de York Factory comprend les copies de plusieurs lettres envoyées au gouverneur et au comité à Londres, ainsi qu’à d’autres administrateurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson en Amérique du Nord. Il contient également un inventaire détaillé des marchandises achetées aux Français après la reddition du fort, une liste des marchandises envoyées à York Factory pour la saison de traite de 1714-1715 et une copie du manifeste d’un navire de la Compagnie, l’Union, comprenant une liste des serviteurs de la Compagnie affectés au fort.
Le but des journaux de poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson était de présenter un compte rendu concis et objectif des décisions prises, des difficultés rencontrées et des relations commerciales établies avec les trappeurs autochtones. Cependant, tout en remplissant cet objectif, les journaux fournissaient aussi souvent des renseignements considérés comme essentiels pour comprendre le contexte plus large dans lequel la Compagnie se positionnait et dirigeait ses activités commerciales.
Un bon exemple de cette vue d’ensemble se trouve dans une copie de la lettre de James Knight destinée au gouverneur et au comité et datée du 19 septembre 1714. Cette lettre révèle la méfiance du capitaine à l’égard de l’influence que les marchands français continuent à exercer sur les Autochtones de la région. Il y raconte que :
"One of the Indians came to me when I hoisted the Union flag. he told me he did not love to See that; he Loved to see the White one, so there is Many of the Indians has Great Friendship with the french here"
Le ton du journal de poste est généralement pragmatique et professionnel, mais il y a des occasions où la personnalité de James Knight semble se manifester, comme lorsqu’il écrit le 8 mai 1715 qu’il se prépare au pire après qu’une inondation a emporté la majeure partie du fort :
"This hath been a Night of fear and pain least I should find in the Morning all lost. As soon as I could Perceive Day, I went in the boat from the tree we did ride at last night to look at the fort to See if it was Standing"
En dépit des grands espoirs formulés par James Knight dans le journal au début de l’année, sa première saison à titre de gouverneur à York Factory a été peu reluisante. Dans la copie d’une lettre insérée vers la fin du journal, il décrit les nombreuses difficultés qu’il a dû affronter au cours de l’année, en soulignant que le plus pénible au poste de York Factory étaient les conditions de vie et les conditions météorologiques extrêmes :
"…we had a year of nothing but trouble with us by the loss of the vessel and the bad lodging we have had for ourselves & goods, & and then after a very hard and sickly working winter, a very great deluge of water and ice at the river’s breaking up … "
Malgré les conditions difficiles auxquelles il a été confronté au cours de cette première année, James Knight dirige York Factory jusqu’en 1717, lorsque Henry Kelsey, son adjoint, le remplace comme agent principal du poste.
Premier registre détaillé des activités quotidiennes et commerciales de la Compagnie de la Baie d’Hudson à York Factory, le journal de 1714-1715 marque le début d’une tradition de tenue de registre à York Factory qui restera ininterrompue pendant près de 300 ans. Il donne un aperçu fascinant des activités de la Compagnie durant ses premières années d’existence et des pratiques de tenue de registres qui ont contribué à son bon fonctionnement à long terme.
Pour consulter une version numérisée de ce journal et en apprendre plus sur son sujet, faites une recherche dans la base de données Keystone à l’aide des mots-clés suivants : « York Factory post journal ».
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